Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte peindre ensuite quelque chose de joli quelque chose de simple quelque chose de beau quelque chose d'utile pour l'oiseau (poème de Jacques Prévert)
Avez-vous jamais regardé l’oiseau de Sciez ?
Ce n’est pas un aigle malgré la présence à deux pas, des « aigles du léman », mais un oiseau de paix.
Depuis l’an 2000, souvenez-vous c’était l’année du Millénaire et tout le monde rivalisait d’idées pour célébrer le passage d’un millénaire à l’autre, l’oiseau déploie ses ailes, comme un passeur d’espoir, de paix et de liberté, sur le mur Est de la mairie.
Jacqueline Méthiaz alors responsable et animatrice de la section poterie du Foyer Culturel, épaulée par les conseils de Jacques Marchand, excellent potier qui nous a tout appris, dut prendre en considération la capacité de réalisation de ses amateurs, enfants et adultes.
Jacqueline se souvint alors que Varengeville sur Mer était le lieu de sépulture de Georges Braque et que sur son tombeau avait été réalisé une mosaïque dont le thème de l’oiseau se prêtait parfaitement à une interprétation en céramique. (Voir le chapitre Varengeville sur Mer plus bas).
Or il se trouve que Jacqueline Méthiaz est originaire de cette localité normande. La boucle ainsi bouclée il ne restait plus aux potiers amateurs de Sciez que de passer à l’action. Mais comment ?
La première étape fut de définir les dimensions de l’oiseau de céramique.
Pour être visible, il devait être monumental. La structure métallique mesure 3m50 sur 2m60.
Pour être une œuvre collective il devait offrir à chaque participant le moyen de concrétiser sa conception du nouveau millénaire.
Ainsi fut conçu et organisé le dessin général qui aboutit à la réalisation de quatre vingt dix neuf plaques de céramique ( ou plumes !!) confiée à une cinquantaine de potiers amateurs. Adultes et enfants avaient carte blanche pour dessiner, puis façonner en bas-relief sur une plaque de grès cru le symbole qu’ils désiraient confier à l’oiseau pour le « passer au prochain millénaire ».
Méticuleusement Jacqueline coula les 99 plaques – plumes – œuvre des participants, dans du plâtre, obtenant autant de formes en négatif.
Ce premier travail fait, chaque potier amateur, muni de la forme en plâtre correspondant à son travail, réalisa par pression sur une deuxième plaque de grès cru une forme en bas-relief. Celle-ci fut séchée au soleil, puis passée au four à 960° pour le « biscuitage ».
Ceci fait, les plumes une par une, furent trempées dans un « bac à émaux », selon la couleur choisie. La cuisson finale des 99 plumes prit un certain temps, par lots d’une douzaine de « plumes », à raison de 10 heures par fournée.
Il ne restait plus qu’à procéder au montage final sur le mur Est de la Mairie, à la manière des tuiles d’un toit, selon la silhouette de la forme métallique de l’oiseau.
Les couleurs brillantes à la sortie du four, n’ont pas changé depuis lors, vingt trois ans plus tard elles donnent toujours du relief, tout d’abord du bleu à la couleur fétiche de Braque pour ses oiseaux, du jaune, du brun, du noir. Il ne restait qu’à assembler les pièces détachées, ce fut le travail de de quelques mordus de poterie, Michelle, Raymond, soutenus par Jacqueline.
Tous ont mis du cœur à l’ouvrage, pas une « plume » ne ressemble à une autre. Dressons maintenant un inventaire sommaire de l’iconographie de l’oiseau :
voici une coquille Saint-Jacques des pèlerins du chemin du même nom,
bref un inventaire à la Prévert.
Les plumes ont été assemblées selon la forme finale de l’oiseau en plein envol, avant d’être clipées sur la forme métallique accrochée à la façade de la mairie.
Alors maintenant regardez-le ce bel oiseau, ne passez pas devant indifférent.
Texte de Mireille Lacave d’après un entretien avec Jacqueline Méthiaz
A retenir :
Dimensions : largeur, 3,50m ; hauteur, 2,6m
Plumes : 99
Acteurs : 50
Temps de réalisation : 4 mois
Inauguration : 14 juillet 2000
Les négatifs en plâtre, dont il est fait mention plus haut, ont permis d’imprimer dans des plaques de terre (grès) d’autres répliques, soit de petits tableaux rectangulaires, soit des vases de forme oblongues .
Ces objets furent vendus à la foire de Sciez la même année, au bénéfice de la section poterie du foyer culturel et de la commune afin d’alléger ses subventions.
Le Conseil général a offert un four électrique à la section poterie, afin de remercier la commune pour avoir ainsi marqué le passage au 3ème millénaire
C’est au cimetière marin de cette localité juste au bord des hautes falaises, que se trouve ce tombeau, car le peintre aimait la vue sur mer ; il s’était installé un atelier dès les années trente caché dans les chemins creux qui font le charme du paysage de la côte normande, et jusqu’à sa mort en 1963, il y passait de longues semaines
sachant que tout œuvre en terre cuite est un matériau pérenne dont l’importante durée de vie a fait ses preuves à travers les âges, si l’on se réfère aux vitrines des musées garnies d’objets en céramique provenant de fouilles archéologiques. Mais revenons à notre oiseau.
Oiseau du cimetière de Varengeville : https://www.connaissancedesarts.com/artistes/georges-braque/itineraire-escale- var engeville-sur-mer-11122284/